Interpréter la littérature de jeunesse : pour une herméneutique de l’imaginaire
« Je cherche quelque chose de plus mystérieux encore. C’est le passage dont il est question dans les livres, l’ancien chemin obstrué, celui dont le prince harassé de fatigue n’a pu trouver l’entrée. » Cette phrase du Grand Meaulnes synthétise l’axe essentiel des travaux présentés. Attentive à la littérarité des textes, la recherche adopte une orientation résolument herméneutique, analysant de quelle façon la langue littéraire s’efforce d’exprimer le sens qui échapperait au langage ordinaire. À cet égard, elle s’intéresse en particulier à l’affectivité, au croisement de l’éthique et de l’esthétique. Cette question occupe une place importante en littérature de jeunesse : le public auquel celle-ci s’adresse est jugé spécialement réceptif à l’alliance des valeurs et des émotions ; par ailleurs, les auteurs qui s’y consacrent profitent de l’espace de liberté qu’elle leur offre pour déployer un imaginaire qui leur permet de renouer avec une authenticité intime. Ainsi cette littérature peut-elle prétendre exprimer une vérité d’être, celle du monde que le lecteur rencontre grâce à l’émerveillement qu’elle crée pour lui (notamment par le réalisme merveilleux), ou celle d’auteurs qui, par l’écriture, trouvent à s’inventer en tant que sujets autonomes, à l’exemple de Jean-Louis Foncine et de ses romans de la collection « Signe de piste ». Envisagée sous cet angle, l’étude de la littérature de jeunesse fournit l’occasion de mettre en évidence des figures, des formes et des thèmes qui y apparaissent d’une manière éclatante et dont la découverte invite à envisager d’autres productions littéraires et artistiques sous un jour renouvelé.